Au Conseil communal du 27 juin 2018, une « Convention avec le Commissariat général au tourisme et Immowal dans le cadre du site des Prés de Tilff » a été présentée aux conseillers communaux. Cette convention de collaboration consiste en la réalisation d’un « Appel à manifestation d’intérêt »(AMI), une sorte d’appel à projets pour le site.

Tout en nous réjouissant qu’une réflexion ait lieu sur les Prés de Tilff, nous avons exprimé notre étonnement quant aux modalités de la procédure de la sélection des projets, essentiellement sur deux points :

  • le type de procédure choisi : appel à manifestation d’intérêt plutôt que marché public, ce qui est plus souple et moins contraignant ;
  • les critères de sélection des projets : sur un total de 100 points, 50 points vont au prix d’achat proposé, 40 points vont au plan d’affaires démontrant la faisabilité du projet et seulement 10 points sont attribués à la faisabilité urbanistique et environnementale du projet.

Nous avons pu convaincre la majorité de reporter le point et de réunir un groupe de travail quadripartite (majorité et opposition) pour ré-écrire le texte de la convention.

Ce groupe, réuni le 17 juillet 2018, a proposé une pondération des critères sur la base suivante :

  • 25% pour le prix proposé ;
  • 25% pour le plan financier ;
  • 25% pour la conformité aux normes urbanistiques et environnementales ;
  • et 25% pour la qualité du projet proprement dite, sa « valeur ajoutée pour la Commune » ? Cela parait tout de même élémentaire !

Cependant, Immowal (le bras armé immobilier de la RW) a refusé, lors d’une entrevue avec l’échevin de l’Urbanisme Adrien Calvaer, cette proposition alternative de pondération des critères.

Dans leur message de refus, Immowal a joint le courrier des avocats consultés. Celui-ci est éclairant sur la philosophie de la convention, du point de vue de la RW : « … Étant donné que l’objectif de l’opération est de vendre/céder un droit réel sur un terrain et que l’opérateur économique exercera sur ce terrain l’activité de son choix et ne prestera donc aucun service ou ne réalisera aucun travaux pour le compte du pouvoir adjudicateur, il n’y a en principe pas lieu de valoriser outre mesure la qualité du projet qui sera mis en œuvre puisque l’ « unique » objectif, en principe, du vendeur/de l’autorité publique (et donc ce qu’elle sera particulièrement attentive à communiquer aux candidats acquéreurs au préalable dans l’AMI), est de vendre le terrain au meilleur prix, ce qui justifie et requiert d’accorder plus de points au critère prix qu’aux autres critères de manière à traduire cette importance (soit d’avoir le prix le plus haut) … »

À la lecture de cet argumentaire, nous réalisons qu’il est essentiel pour la RW, de vendre au plus vite et au meilleur prix. Ce n’est pas nécessairement la priorité d’Esneux ! C’est pourquoi les écologistes ont décidé de ne pas approuver ce projet de convention et de demander une véritable procédure de marché public, qui laisse la possibilité d’émerger à des projets inventifs et innovants.

(Au passage, saluons quand même les efforts de l’échevin Calvaer pour obtenir une pondération plus proche de nos attentes, mais cependant insuffisante, soit : 55% pour le montant offert et le plan financier et 45% pour le respect des normes urbanistiques et environnementales et la qualité du projet).

 

L’ensemble des Prés de Tilff, c’est aussi l’ancienne maison de l’éclusier.

 

 

Pour Ecolo, l’essentiel est de,

  • pour le site des Prés de Tilff comme pour tout autre site ou projet, déterminer une vision à long terme et non chercher à « réaliser » rapidement une opération financière dont les effets se seront tout aussi rapidement évanouis. Une vision à long terme pourrait/devrait être « écrite » par l’ensemble des forces politiques et des forces vives de la commune, au delà des clivages et des intérêts particuliers, avec pour seul objectif l’intérêt collectif, qu’il soit local ou global.
  • garder la main sur un terrain communal qui offre de nombreuses opportunités.
  • tenir compte de la récente évolution urbanistique à Tilff (et dans la région liégeoise) : de plus en plus d’urbanisation, de création d’Horeca, de diminution des espaces verts (voir le Parc Brunsode, qui se réduit comme peau de chagrin). N’a-t-on pas davantage besoin d’un simple parc « sauvage » que de nouvelles infrastructures touristiques ?
  • avoir à l’esprit que le réchauffement climatique est à l’œuvre et modifie fondamentalement notre mode de vie. Donc, de quoi avons-nous vraiment besoin ?

Pierre Jéghers, Conseiller communal

Documents :

Commentaire

Benoît Dupret : J’ai été administrateur de l’asbl « Les Prés de Tilff » de 2002 jusqu’à sa liquidation. Dès lors, je me dois de rappeler que la Région s’est engagée, à la fin de son bail emphytéotique (2028), à remettre les lieux dans l’état antérieur. Dans cette optique, la Région n’a pas de droit immobilier à revendiquer, tente de vendre très vite la ruine que son activité touristique a laissé sur place et qu’elle devrait évacuer. Les négociateurs communaux semblent bien mal avisés. C’en est décevant, voire effrayant. Benoît Dupret.