Le 13 janvier 1898, dans le Journal L’Aurore, Émile Zola dénonçait les disfonctionnements aux sein de l’armée française.
Cent et quelques années plus tard, les agents de nos institutions sont-ils devenus rigoureusement dignes de leurs fonctions ?
Il n’est pas nouveau que des institutions soient mises en cause par des citoyens. Il ne faut que remonter à la fameuse accusation d’Emile Zola adressée au Président de la République française le 13 janvier 1898, pour se rendre compte de la pertinence du thème proposé à cette tribune.
Les citoyens ont conclu un pacte tacite avec leurs autorités pour qu’elles gouvernent avec sagesse. A priori, qui pourrait croire que nos institutions publiques, présidées plus ou moins directement par nos autorités politiques, n’aient pas pour seul et suprême objectif le bien commun ? Alors, nous respectons les lois et nous nous conformons de bonne grâce aux règlements ; ne s’appliquent-ils pas également à tous ? Ne sont-ils pas édictés pour notre bien à tous ?
Mais lorsque nos institutions bafouent elles-mêmes leurs normes et ces règlements qui sont censés s’appliquer à tous, le pacte tacite qui cimente l’édifice de notre société s’effrite. Lorsque le citoyen se trouve piégé entre juge corrompu et partie corruptrice, que reste-t-il de l’idéal de justice ?
Nous acceptons les règles urbanistique élaborées au bénéfice de tous. C’est l’Administration qui est chargée de les faire respecter. Il est donc essentiel, pour préserver son autorité en la matière, qu’elle respecte scrupuleusement ces règles.
La neutralité des institutions et de ses agents est le ciment de notre société. C’est pourquoi, dès l’origine du Mouvement Écolo, la dépolitisation des institutions a été une pierre d’angle du programme. Le programme est bien reçu de la population mais la mise en pratique peine toujours à se réaliser : Charleroi en sait quelque chose et Bruxelles nettoie les écuries d’Augias de sa Justice.
La question est peut-être plus profonde encore. Le système de la « république des copains » n’a-t-il pas gangrené notre agriculture ? Certains inclinent à le croire qui s’effrayent de voir autorisés à la légère des produits phytosanitaires plus que douteux de quelques firmes qui ont fait leur prospérité en temps de guerre avec le gaz moutarde. Et dans cette perspective, d’aucuns s’inquiètent aussi de notre médecine. Le discours du secteur médical au service suprême de la santé publique est-il toujours crédible à la lecture de la bataille des experts et contre-experts qui divisent la population à propos du vaccin hâtivement délivré contre la grippe? Comme le « J’accuse ! » de Zola a divisé la France de l’époque, cette question divise notre population inquiète.
Pour défendre Dreyfus, un vieil homme s’est levé et s’est compromis. Il s’est livré en jugement pour sauver la crédibilité des institutions. Ce procès a créé un mouvement pour la neutralité des institutions qui est toujours d’actualité. Espérons seulement que dans chaque parti, cela dépasse le discours. Le but n’est pas de créer de nouveaux règlements imposés, mais que les règlements soutiennent un esprit qui s’impose.