Une des premières locales d’Ecolo en province de Liège,
le premier score d’ECOLO-Esneux aux élections communales de 1982
fut de 13,6 %. Quelques échos de cette période historique.


Depuis 1980, j’exerçais un mandat de Conseiller Provincial à Liège. Mais cela étant, je restais un « aplovou »[[« venu avec la pluie » : expression péjorative qui dénote l’ostracisme dont font preuve les habitants qui se disent « natifs ou purs » du village. Je me sens « aplovou » mais bien dans mon village, je revendique le terme.]] sur Esneux. Je pensais laisser passer le train des élections communales lorsque j’ai reçu la visite d’un gars de 17 ans, Yves Gérardy, qui m’a interpellé :

 Yves : Vous êtes bien ECOLO et conseiller provincial, n’est-ce pas ? Vous allez donc lancer une liste ECOLO pour les prochaines communales, j’espère !

 Benoît : Heu …

 Yves : Pas de problème, je vais faire le tour de la commune avec vous et je vous indiquerai les personnes ressources.

 Benoît : Heu …

En fait, Yves Gérardy entendait continuellement parler de politique à la maison, car son père était alors président du PSC d’Esneux. Son grand échalas de fils, 17 ans, ne manquait pas de laisser traîner ses oreilles et entendait les bons et les mauvais points distribués aux uns et aux autres.
(Gérardy père était directeur d’école.)

Nous nous sommes revus un peu plus tard avec une liste de personnes et nous avons dressé notre plan de visites. Pour la majorité de ces visites, Yves avait l’initiative et me présentait. Nous avons ainsi réuni sous la bannière ECOLO : Michel Crépin qui sortait des mouvements de jeunes d’Esneux et qui abordait sa vie professionnelle, Karl Bours qui a apporté sa maturité au groupe, Michel Lallemand aussi passé par les mouvements de jeunes d’Esneux et d’une famille ancestrale d’Esneux, Denise Flagothier, rencontrée au pied de sa vieille jument aujourd’hui disparue.

Denise m’a été présentée par Pierre Gaudin qui s’était extrait de sa chèvrerie de Fontin pour la cause. Aujourd’hui, c’est comme élue communale que nous connaissons Denise !
Catherine Claessens
De cette époque, je garde encore un souvenir très amical de Catherine Claessens qui a milité plus tard du côté de Blégny, en dépit de sa marmaille, notamment.

Nos premiers résultats étaient-ils inespérés ? Franchement, je ne me fixais pas de chiffres, mais les échos étaient excellents. Nous étions « portés ». Nous avions, ensemble, construit, travaillé et édité un programme qui est resté longtemps une référence pour les groupes locaux des environs. Michel Lallemand avait notamment beaucoup contribué à sa rédaction.

Hormis les résultats obtenus par des groupes des cantons germanophones qui étaient passés intégralement, avec armes et bagages dans le camp écologiste, nos résultats de 13,6% étaient les meilleurs de Wallonie. Incidemment, Paul Lannoye, à l’époque m’avait demandé : « Comment avez-vous fait ? ».
Yves Gerardy.
La recette était une combinaison de facteurs. J’ai déjà mentionné notre atout resté dans l’ombre parce qu’il n’avait pas l’âge légal pour voter : Yves. La majorité PS-Libérale de l’époque nous avait aussi donné un coup de pousse en s’écroulant. Mais il y avait surtout un groupe uni dans l’action. Tous étaient dévoués à une grande et noble cause : rénover la déontologie politique locale et impulser une attitude politique exclusivement constructive. Nous laissions aux partis dits traditionnels le soin de s’autodétruire, nous construisions notre stratégie autour d’un programme, ce qui était une grande nouveauté pour l’époque.

Parmi les membres passionnés, je dois déjà mentionner Marianne Rommès qui nous a rédigé de nombreux et laborieux comptes-rendus de réunion. Ces documents étaient dactylographiés et retapés lorsqu’il fallait apporter quelques modifications. C’était avant l’arrivée du traitement de texte. À l’époque, être secrétaire du groupe local était un fameux investissement personnel. Marianne a donné avec une générosité sans limites… Je suis particulièrement heureux de la voir réapparaître aujourd’hui sereine,
heureuse et toujours aussi généreuse pour chacun.

Les premiers élus auront été Karl Bours et Michel Lallemand. (En ’88, avant les élections, Karl a démissionné et Michel Crépin l’a remplacé.)

Cette législature 1982-1986 fut le premier chapitre de l’histoire du groupe local ECOLO-Esneux que mon ami Yves Gérardy, alors âgé de 17 ans, a eu l’audace de lancer.

Benoît Dupret.